« Laisse moi, rien qu'une fois. »

« Laisse moi, rien qu'une fois. »
PV Dakota

Cela fait déjà de nombreuses heures que j'ai croisé Jess. Fuyant les racontars de mon ami, fuyant mes pensées, j'ai cru que le temps les dissiperait. J'ai eu tord d'espérer que j'arriverais à me débarrasser de ce qui me tourmente, car cela fait longtemps que je ne cesse de marcher, depuis l'instant même où il a fait naître cette sensation bizarre & inconnue en moi. Je ne comprends pas ce qui m'arrive et la frustration qui saccade chacun de mes mouvements est à son comble. Mes prunelles d'or brillent d'un feu brûlant que mon incompréhension ne fait qu'accroître. Je déteste ne pas savoir, je hais avoir tord et je déteste qu'on me tienne tête. Alors quand c'est mon propre subconscient qui me tient tête, dites-vous bien que j'en deviens exécrable. Et tout chez moi vous l'indique. Le long de mon échine, tous mes longs poils sont hérissées. Ma démarche est saccadée et mes pattes se posent violemment contre le sol innocent xD. Avec ma queue droite, on pourrait croire que je suis en position d'attaque. Ce qui est plus ou moins le cas. Un grognement sourd semble régulièrement provenir du fond de ma gorge, comme pour bercer cette démarcheuse agressive. Oh non, n'essaye même pas de t'approcher.

Le désir brûlant
De vivre et errer librement
Il brille dans l'obscurité
Et il se développe en moi.

Je ne veux vivre que pour moi-même. Vivre que par moi-même. J'ai appris à me débrouiller seul depuis déjà plusieurs années et je ne souhaite pas en changer. Il n'y a que les faibles qui ont besoin qu'on leur tienne la patte. Et moi je ne suis pas de ceux-là. J'aime être libre de mes mouvements, n'avoir de compte à rendre personne. Seul ma meute compte et c'est pour elle que je vis ainsi, car seul un meneur libre de choix peut les guider avec justesse & sagesse. C'est ma conception de la chose, point barre. Si ça te convient pas, casse-toi. Et pourtant, écoute-moi. Paraîtrait que j'ai maintenant besoin d'apercevoir une louve pour me sentir mieux, pour accorder mes jugements. Je n'aurais jamais dû la croiser, Ô grand jamais. Car voilà que maintenant je ne sais plus me détacher de son image qui me hante depuis des heures. Perdant alors haleine dans une course folle où mon coeur s'emballe pour nourrir mes muscles puissants qui m'entraînent à une rapidité folle, je tente un dernier remède au problème. Sentir le vent entre ses oreilles, glissant dans sa fourrure. Avoir l'espoir d'un esprit vide. Et pourtant malgré les longues minutes qui passent à une allure soutenue que mon coeur lui-même peine à maintenir, elle est toujours là. Obligé de m'arrêter pour ne pas m'écrouler, obligé de penser à elle.

On fait soi-même sa vie
Je veux connaître ce qu'on sera
Un but si hautement haut
Dois-je essayer avec toi ?

Si un jour on m'avait dit, jamais je n'y aurais cru. Je n'ai pas été conçu pour aimer, seulement pour mener. Toute ma vie durant, je n'ai jamais eu le regard qu'on pour moi certaines louves, je n'ai même d'ailleurs jamais compris ce que cela pouvait apporter. L'idée a existé en moi, bien sûr, mais jamais elle n'a germé. Mais la réalité est face à moi, je ne peux que la voir... Dakota...

« Que ce passe-t-il ? »

D

Unb...

L

« La mort murmura à ton oreille »

Elle est là, plantée devant moi comme une idiote. Arrivée comme une furie, elle s'est stoppée en me voyant. L'éclat de ses yeux semble éteint, comme si elle refuse de laisser paraître quelconque sentiment. Je ne sais plus quoi penser. Pourquoi le destin me l'amène-t-elle au moment même où je souhaite rester seul ? Ne voir personne. Rester en compagnie de la solitude. Accepter seulement le silence. Ne rencontrer aucun être. Surtout pas elle. Ca ne peut pas être possible, c'est inadmissible. C'est moi l'Alpha ici, c'est moi qui choisit. Casse-toi, bon dieu ! N'ai-je donc pas l'air assez menaçant ? Pourquoi t'approches-tu de moi ? Non, ne me regarde pas comme ça. Je ne comprends pas. Ton corps exprime la joie que tu as de me voir, pourquoi ? Et moi je suis campé sur mes quatre pattes... Mais attends, pourquoi suis-je calmé ? Pourquoi ma queue s'est rabaissée ? Pourquoi mes poils ne sont plus hérissés ? Non, je ne veux pas y croire ! Barre-toi, bon sang ! Dakota...

Une centaine de jours m'ont rendu plus vieux
Depuis la dernière fois que j'ai vu ton joli visage
Mille lumières m'ont rendu plus froid
Mais tous ces kilomètres qui nous séparent ont disparu

Elle murmurait mon nom. Non, pas mon nom. Un surnom. Comment cette femelle osait ? J'ai envi de la mordre, pour son insolence, pour elle. Pourquoi suis-je donc incapable de réagir face à elle, comme pétrifié devant la force du monde. Il faut que je bouge, c'est moi le chef. Montre-lui Unbreakable, montre-lui que tu es le plus fort. Qu'elle ait peur. Qu'elle tremble sous tes pattes. Je m'avance vers elle tout en poussant un sourd grognement. J'ouvre la gueule, dévoilant mes crocs, la respiration haletante. Je m'approche alors rapidement du cou de la louve, prêt à frapper. Mon souffle si près fait vibrer les poils de la louve. Je recule de plusieurs pas, ferme la gueule. Renonce. Comment pouvais-je croire que je réussirais à lui faire du mal ? Je ferme les yeux et d'une voix faussement méchante mais presque inaudible :

« Quand la mort murmura à ton oreille... »

Je suis faible. J'ai tord. J'ai perdu. Chienne de vie.

« Toi Qui semblais sûr de toi »

Plantée devant lui, je n'était pas la bienvenue, son air crispé le trahissais bien assez, je ne le voyais pas, non, a peine. Mon regard trouva enfin une lueur quand le loup me murmura quelques paroles sournoises a mon oreille ... Indéchiffrables, mais malgré tout, réconfortantes. Oui : Comment faisais-je pour éprouver une sérénité contrastant avec les pensées noires et bouleversées du mâle : Il ne pouvais rien sur moi, même si Jess avais tué une louve, Unb était incapable de me tuer, et la confiance régnais, se le savais, au fond, le mâle devais faire un choix.

Que t'arrive-t-il ?
Toi qui semblais être un roi.
Que se passe-t-il ?
Toi qui semblais sûr de toi.

Pourtant, je gardais mes distances, toujours sur mes gardes, sans le montrer. Vas-y Umbreakable, détends toi, cesse donc de me craindre, je ne représente aucune menace pour ton cul ! Merde a la fin ! Je ne lacherais pas de grondement sourd, moi non plus, pas d'échine hérissée ni rien, autant entrer dans le jeu, puisqu'on a rien a y perdre. Peut-être la vie, mais çe serais pou la bonne cause.

« Rien qu'une fois, je peux y croire »

Tu n'as pas bougé, tu n'as pas eu peur. Pourquoi mets-tu donc tant de confiance en moi ? Je rouvre les yeux pour t'observer, immobile, sans même une pointe d'agressivité. Je ne comprends pas. Je ne comprends plus. C'est si dur de savoir quand on y a jamais cru. Ce sentiment en vous qui ne vous laisse pas le choix, accepter-le ou mourrez-en. Ca tellement beau que ça fait mal. C'est bien trop pour moi, je crois. Comment puis-je continuer à résister ? Ce désir d'accepter, ce désir d'essayer. Rien qu'une fois, l'Alpha va accepter d'obéir. Parce qu'il le veut. Rien qu'une fois, qu'on lui donne un ordre: « Aime ».

Je suis là-bas sans toi, tu restes ma seule pensée
Ton image ne me laisse plus, j'en rêve tout le temps
Je suis là-bas sans toi mais tu restes dans mes rêves
Et ce soir c'est juste Toi et Moi

J'avance vers toi d'un pas non-chaland, hésitant peut-être. Je ne peux pas réussir seul, aide-moi. Seule toi saura le faire, seule toi pourra me guider ainsi. Si je dois lui obéir, alors accorde-moi un peu de temps, rien qu'un instant. Juste le temps que je prenne conscience, que l'idée s'installe moi, dure et pourtant si douce. Ton regard des profondeurs des océans semblent me capter, je crains alors de m'y noyer. Ce serait une mort bien douce que tu me donnerais là, Dakota...

« Et le démon s'éprit de l'ange... »

Je suis ne suis que l'ombre de Satan, celui qui domine. Un démon vaincu par un ange: l'ange noir...

« Tu peux y croire »