Oiseau de Malheur.
Nb De Messages : 442 Date d'inscription : 27/10/2009 Age : 31 Prénom : Kiwi Puf : KiwiLeila Phrase Perso' : Il ne faut pas prendre la vie au sérieux, de toute façon on n'en sort pas vivant. PersonnagesPts De Membres: 0Informations: | Sujet: Des pommes, en veux-tu en voilà [ PV Echos ] Dim 15 Nov - 14:38 | |
| Mon cri rauque déchira le silence ambiant. C'était la nuit, et si la forêt ne dormait pas, elle était silencieuse. Oui, c'était la nuit... Une nuit de pleine lune, où on voyait presque aussi bien qu'en plein jour. C'est pourquoi moi, un oiseau diurne, j'était actif au beau milieu de la nuit. Je n'étais pas fatigué, et n'avais pas, grâce à la lueur lunaire, de problèmes de visibilité. J'étais libre, dans le ciel. Sans entraves. Je devais juste faire attention, car le périmètre où je pouvais voir clairement était quand même plus limité. Mais qu'importe ? J'aime tellement voler la nuit. Voler sous les étoiles, sentir la morsure de l'air glacé sur sa peau, c'était si grisant ! Bon, je devais aussi faire attention à l'une des différences majeures de la nuit sur le jour : les courants ascendants dont je me servais pour voler sans effort n'existaient pas ou peu. En effet, il s'agissait d'un vent plus ou moins chaud - et la nuit, il n'y en avait que peu au-dessus des terres. Ne parlons pas de l'océan, c'est encore pire... Par conséquent, je suis contraint de fournir plus d'efforts, de battre plus fréquemment des ailes, de consommer plus d'énergie. Pire, les éventuels courants descendants me font chuter... mais il me suffit de les repérer à l'avance, comme les courants d'air chaud. Cela peut être vraiment dangereux si je ne m'en aperçois pas et me fais surprendre... Mais là encore, qu'importe ! Je ne suis plus un oisillon. Je parcours les cieux depuis longtemps déjà. Mon expérience de vol me rend confiant. Je sais ce que je vaux. Je sais ce que je peux faire, et ce que je ne peux pas faire. Je ne suis pas une tête brûlée qui prend des risques inconsidérés - j'aime m'amuser et faire le fou, mais cela reste raisonnable. Je passe parfois trop près du sol ou d'un obstacle, mais je contrôle ma trajectoire presque à la perfection la plupart du temps.
Alors, pourquoi me soucier de tous ces désagréments ? Pourquoi ne pas simplement profiter de l'instant présent, où, suspendu entre ciel et terre, je suis libre ? Sans aucune autre préoccupation que le contrôle de mon vol, l'observation attentive du ciel pour prévenir les risques, l'admiration pour les fleurs de la nuit, les étoiles, et leur maîtresse, la lune. Peut-on rien imaginer de plus exaltant ? J'avais l'impression d'être perdu dans un océan noir, seul, loin de tout. Je voyais la forêt défiler sous moi, ombre noire, possédant l'illusion du mouvement à cause des différentes tailles des arbres la composant. Je ne pouvais distinguer beaucoup de détails à cause de l'obscurité, mais je n'avais pas besoin d'y voir pour savoir que là, en bas, grouillait la vie nocturne des prédateurs et des petits animaux de la nuit. Inconscients des merveilles du déplacement aérien, de la vie aérienne... Ah ! Je plains sincèrement les terrestres, cloués au sol, incapable de surfer sur les vents déchaînés, condamnés dans un monde à deux dimensions ! Ne pouvant se déplacer dans un monde à trois dimensions que s'il nageaient, et encore - l'eau et l'air n'avaient rien à voir, et ils devaient souvent faire surface pour s'approvisionner en oxygène. Moi - et tous les ailés - pouvions à notre guise évoluer dans cet infini étourdissant
Non... Les chevaux et les loups ne connaîtraient jamais le bonheur de déployer ses ailes, de sentir le vent gonfler ses plumes, et de percevoir son immense puissance desctructrice, et de se laisser porter par elle. Pauvres et pitoyables créatures ! Et elles se croient savantes, elles se croient puissantes, maîtres de leur terres ! Ells ignorent tout du vol, elles ignorent tout de Nobody vu du ciel. Mais ce qui me paraît le plus amusant - presque pathétique, pourtant - c'est bien qu'elles pensent posséder leur "Territoires" dont elles sont si fières. Et tout ce monde se bat griffes et crocs, sabots et dents, pour défendre de la terre et des cailloux ! Des vies sont abrégées chaque jour pour la possession de ces endroits. La guerre fait notamment rage à cause d'eux... Mais comment peuvent-ils vraiment s'imaginer qu'ils peuvent avoir des droits sur la terre ? Elle était là bien avant eux, et le sera bien après eux. A ses yeux, toutes ces bêtes courant et se reproduisant dans un rythme effréné ne sont que des insectes, des étincelles éphémères, incapables de troubler son propre cycle de vie. La terre est un, unique, mais ils la divisent avec des frontières. Non... je ne comprends pas qu'on puisse se battre pour un territoire. Pour avoir le droit de vivre ? Pour écraser une dicdature, un tyran qui opprime le peuple ? Bien sûr. Pour que ses enfants et ses amis soient libres ? Evidement. Pour défendre une cause en laquelle on croit de toute son âme ? Pourquoi pas. Mais pour un morceau de terre ? Ce sol a-t-il autant de valeur ? ...
Mon estomac me tira de ses réflexions - qu'on aurait pu qualifier de philosophiques, d'une certaine manière - en réclamant d'être un peu plus rempli. Je soupirais. L'ennui, c'est que la constitution d'un oiseau ne nous permet pas de passer beaucoup de temps sans manger. Même si c'était surtout en proportion de la taille de l'oiseau... Voler dépensait beaucoup d'énergie, et il fallait s'en recharger régulièrement. Avisant de magnifiques pommes sur l'un des arbres que je survolais, je me dirigeais vers lui. Mes ailes se déployèrent pour ralentir mon vol, et les plumes de ma queue formant un éventail, me permettaient de corriger ma trajectoire, en inclinant plus ou moins telle ou telle plume. Je me posais, magnifique et sinistre tout à la fois dans mon costume noir, sur l'une des branches, assez haute. Et je commençais à croquer la pomme, autant que faire se peut avec un bec, bien sûr. Disons plutôt que je la cassais en morceaux, puis les picorais. Les pommes, bien mûres, étaient vraiment délicieuses, mais leur jus était en train de remaquablement bien salir mes plumes - celles sur le poitrail, essentiellement. Cela n'était pas grave, de toute façon je prenais toujours la précaution de nettoyer mes plumes avant de reprendre mon vol. Ce n'était pas une question de coquetterie, mais d'efficacité : des plumes propres volent mieux. Soudain, je sentis un vers s'agiter dans mon bec. Mes yeux scintillèrent, appréciateurs. Les chevaux, assez friands de pommes pour la plupart, n'aimaient pas beaucoup trouver des vers dans les pommes qu'ils mangeaient. Moi si. Après tout je suis omnivore, et la viande est bien plus calorique que le végétal. Un vers aussi dodu, c'était une aubaine. Avec un léger croassement de satisfaction, je l'avalais tout rond, appréciant le fait de le sentir se tortiller dans mon gosier. Eh oui, je n'ai pas de dents, alors j'avale ma nourriture sans la mâcher. Donc la plupart des petites bestioles vivantes, par voie de faits..
Un bruit attira mon attention. Je resserais ma prise sur la branche, au cas où il ne s'agirait que d'un brusque et violent coup de vent - je ne désirais pas le moins du monde dégringoler de mon perchoir. Ma tête noire pivota, et mes yeux se ficèrent sur l'origine du bruit en question. Mécontent de ne pouvoir me servir correctement de mes yeux dans la pénombre, je me rabattis sur mon odorat, qui était plutôt bon. Un cheval ? A une heure pareille, dans la forêt ? Cool ! Je suis sûr qu'il sera distrayant.
" Hey, toi ! Est-ce que ça t'intéresse, des pommes ? " lançais-je, moqueur.
Moqueur, oui... je l'étais toujours. C'était dans ma nature, on peut dire. Il ne fallait y voir aucune insulte, même si j'admets qu'on peut le prendre comme ça. Je ne vouvoie jamais personne, mais il faut noter que je ne demande jamais qu'on m'offre cette politesse. Certes, je passe mon temps à embêter les autres et à leur jouer des sales tours, mais je n suis pas mauvais joueur, quand je me fais avoir je sais en rire. Après tout, j'ai tout le loisir de me venger ensuite.. hin hin hin. J"aime ça, être un corbeau. |
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